Pourquoi je n’arrive pas à avoir une relation amoureuse ?

Pourquoi mes relations amoureuses échouent

Comment trouver le grand amour de soi ?

Charlotte* est venue me voir car elle avait “un problème avec les hommes”. Elle me demandait : « Pourquoi je n’arrive pas à avoir une relation amoureuse ? J’ai un problème relationnel avec les hommes. Comment trouver le grand amour de soi ?  » Elle se sentait bloquée dans ses schémas et voulait en créer un nouveau. Son problème n’était pas de rencontrer des hommes, ni de leur plaire, ni de commencer des relations amoureuses ou sensuelles. Ce qui l’embêtait beaucoup, c’était de ne pas réussir à “avoir une relation sérieuse et durable”. Elle avait notamment vécu deux relations marquantes pour elle, mais ils n’étaient pas sur le même “timing” ou la même longueur d’ondes. Bref, elle en avait marre que ses relations finissent toujours en boudin. Elle voulait trouver l’amour, le vrai, celui qui dure pour toujours, elle avait travaillé sur elle, elle se sentait prête, qu’il vienne bordel ! Pourtant, elle trouvait que des crapauds et de l’incompréhension. Quand je lui ai demandé ce qui la gênait le plus vis-à-vis de sa relation aux hommes, elle m’a répondu : « Je ne veux plus reproduire des schémas du passé qui me bloquent pour mon avenir. »

Au cours de notre première séance, elle a commencé à me lister, à travers des tournures de phrases très élaborées et des concepts très complexes, tous les critères de son homme idéal. Alors qu’elle me détaillait un tas de qualités, de compétences, de requis pour qu’il puisse s’intégrer dans sa vie, tout ce qu’elle voulait et ne voulait plus trouver chez un homme au vu des expériences passées, des essais-erreurs qu’elle avait expérimentés, je me suis faite cette réflexion : « Tiens, c’est marrant, ça ressemble à une fiche de poste pour un recrutement à l’entreprise Charlotte’s Love Life. » Elle m’avait dit qu’elle avait travaillé dans les RH, j’ai pris ça comme une déformation professionnelle. Ma réflexion était neutre, sans jugement, mais par simple observation. Elle m’amusait un peu, à vrai dire. Je lui ai partagé ma réflexion, sans grandes intentions derrière, un peu par humour et pas mal pour tendre une perche, voir si ça résonne ou pas du tout. Et là, je vois son visage se décomposer, je me souviens encore nettement de son expression choquée. Je me dis : “Merde, j’ai dû être maladroite.”

Après un petit moment de sidération, elle me sort : « Mais t’as grave raison ! C’est horrible de considérer quelqu’un comme ça ! Je suis horrible ! Ce sont des êtres humains, je ne suis pas au marché ! » Bon, je l’ai d’abord invitée à ne pas se juger, tout court déjà, et pas aussi durement.

Après tout, nous ne sommes pas coupables de nos émotions, juste responsables de ce que l’on en fait. C’est-à-dire, c’est ok de penser ou ressentir des trucs “horribles” ou “chelous” que si quelqu’un l’entendait, il nous prendrait pour un dingue. C’est normal, ça arrive à tout le monde. (D’ailleurs, si j’ai qu’un seul message à faire passer dans ma newsletter, c’est : oui tu es normale, oui tout le monde est chelou, oui tout le monde a peur du regard des autres, non tu n’es jamais la seule personne au monde à ressentir ou vivre ce que tu vis, c’est juste que tu ne le sais pas parce que la plupart d’entre nous n’ose pas se montrer vulnérable et que c’est fort dommage car c’est le seul moyen d’aimer et d’être aimée même si ça fait chier, merci Brené Brown.) Mais par contre, tu as la responsabilité de ne pas imposer de trucs dingues aux autres, comme par exemple, exiger qu’ils soient des êtres parfaits afin qu’ils viennent combler ton vide intérieur. Ça, c’est vraiment pas cool, voire cela peut devenir de la maltraitance. C’est plus fort que toi, t’arrives pas à t’en empêcher ? N’hésite pas à demander de l’aide à une thérapeute, on est là pour ça 😉

Pour en revenir à Charlotte, elle a ensuite pris conscience qu’elle avait “besoin de schématiser sa relation amoureuse par peur d’être déçue car auparavant, elle n’avait pas su poser ses limites”. Comme si tout contrôler, tout borner, tout protéger pouvait empêcher de se faire mal ou d’être déçue. Or, une relation humaine n’est pas un thermostat ou un algorithme, on ne peut pas la contrôler. Je le vois plutôt comme une partie de tennis où l’on ne compte pas les points. Cela se joue à deux, la seule chose sur laquelle nous avons du pouvoir est notre façon de recevoir et d’envoyer la balle, sur notre corps, sur notre jeu, sur notre moitié de terrain, pas sur notre partenaire. Si l’échange est équilibré et bienveillant, l’échange peut durer longtemps. Si l’on reçoit ou envoie des coups de p***, y a des chances pour qu’on envoie ou reçoive un gros smash dans la tronche. (Bon évidemment, c’est un peu simpliste et cela n’inclut pas les relations toxiques mais c’est pour vous donner une image simple d’un truc complexe.)

Alors, je lui demande ce qu’ELLE aimerait vivre dans une relation, comment ELLE aimerait se sentir dans une relation humaine de façon globale, je recentre la conversation sur elle. Ce à quoi elle me répond : « Avant, j’avais une forme d’idéal, je projetais sur l’autre qui je voulais être et je leur en voulais d’être ce que je n’étais pas. Ce n’est pas la personne que je voulais changer mais c’est moi-même. Depuis que j’ai changé et évolué, c’est difficile de savoir qui je veux être avec un homme. » Ok, là on peut partir en exploration.

*Le prénom et certaines informations personnelles de ma cliente ont été modifiés afin de préserver son anonymat. Je tiens à préciser qu’elle m’a donné son total accord pour le partage de son histoire, elle est même “hyper contente et honorée” de la partager avec vous 😉

Comment Écouter son coeur

Dans les premières séances, Charlotte m’a fait penser à cette partie de moi qui réfléchit, se projette, analyse et tournicote beaucoup, bref, la partie de moi qui est trop dans sa tête. En soi, la réflexion et l’introspection sont utiles, je ne peux pas dire le contraire ^^. En revanche, les nombreuses études en sciences cognitives et en médecine qui font le lien entre le corps et le cerveau ainsi que ce que l’on observe depuis longtemps de façon empirique me font dire que “nous ne pensons pas qu’avec la tête”. Je ne pense pas que nous sommes des cerveaux dans des bocaux, bien au contraire.

D’ailleurs, en m’intéressant à l’histoire de cette idée, j’ai découvert que la séparation entre le corps et l’esprit est arrivée avec Descartes et qu’elle est aujourd’hui de plus en plus remise en question. Encore aujourd’hui, la vision du corps comme une “machine, un mécanisme, un véhicule” est une idée surtout en vigueur en France et dans certains pays européens. Or, dans d’autres parties du monde, l’être humain est considéré dans sa globalité. Par exemple, au Brésil, dans les hôpitaux et maisons de santé publiques, les patients sont suivis simultanément par un médecin, un psychologue et un nutritionniste.

Je suis loin d’être une spécialiste de la question, mais c’est un sujet qui me passionne, sur lequel j’étudie beaucoup et sur lequel je me suis formée. C’est d’ailleurs pour cela que durant mes séances, je ne communique pas qu’avec ta tête. Par exemple, en début de séance, si je te sens appréhensive ou stressée par ta journée, je pourrais te dire de te détendre, que ça va bien aller, et tu me répondrais que oui, oui, bien sûr, mais en réalité, il y a de fortes chances que tu aies encore le cœur qui bat la chamade. À la place, Je préfère t’inviter à faire une petite séance de cohérence cardiaque avec moi, histoire de venir apaiser mécaniquement les battements de ton cœur, ce qui va envoyer comme message à ton cerveau : “tout va bien, on se détend les gars”.

Pour en revenir à Charlotte, au cours des premières séances, je trouvais ses pensées très intéressantes et riches mais elles restaient très conceptuelles. Je sentais qu’elle gagnerait en clarté dans sa tête si elle simplifiait son discours. Alors régulièrement, je lui demandais : « Ok, ce concept est très intéressant, mais imagine que je sois un enfant de 5 ans, comment tu m’expliquerais cela ? » Cela la faisait beaucoup rire car c’était difficile pour elle de simplifier.

Au début d’une séance, je lui explique une technique que j’ai apprise au cours de ma formation “L’interview du corps” de Laure Marin, une thérapeute qui a développé une pratique au carrefour entre l’hypnose, le yoga et la thérapie narrative. Elle consiste à s’intéresser à son corps et son histoire, à prendre un temps pour parler de lui et le mettre en avant, puis d’aller “communiquer, converser” avec une ou plusieurs parties de son corps pour écouter ce qu’il a à nous dire. Ça a l’air un peu perché dit comme ça mais en réalité, c’est une technique très pragmatique.

Mon intention était de l’inviter à “descendre dans le corps”, c’est-à-dire d’être moins dans le mental mais plus dans l’écoute de son corps et donc de ses émotions. Elle était très curieuse de cette expérience nouvelle pour elle. Je vous passe les détails de la séance car cela reste confidentiel. Je peux juste vous dire que c’était très compliqué pour Charlotte de “faire taire son cerveau”. À la fin de la séance, un moment magique est arrivé. Son cœur lui a “dit” ce qu’elle avait besoin d’entendre et qu’elle ne voulait pas écouter. Alors non, ce serait mentir que de vous dire qu’à partir de là, bim, sa vie a changé et tout était beau dans le meilleur des mondes. Mais quelque chose en elle s’est débloquée et l’a mise sur le chemin de l’amour de soi.

Au fond, Charlotte n’avait pas besoin d’établir un schéma qui dicterait sa relation avec les hommes mais d’apprendre à s’aimer elle-même. C’est en somme ce que “son cœur lui a dit”.

Cette réflexion m’était venue dès le début de l’accompagnement, mais je ne lui avais rien dit. D’abord parce qu’en tant que thérapeute narrative, je ne suis pas là pour la faire entrer dans un diagnostic ou une grille de lecture pré-établie. Je ne peux pas savoir à sa place ce qui pourrait l’aider, encore moins après 2 heures de séance. De plus, c’est une personne unique, comme nous toutes, avec une histoire et une vision du monde personnelles ; qui suis-je pour la faire entrer dans une case avec un chausse-pied ? Mais encore, si je lui avais dit dès notre première séance un truc du style : “on ne peut pas aimer l’autre avant de s’aimer soi-même”, elle aurait peut-être acquiescé, ça l’aurait peut-être fait réfléchir, mais elle ne l’aurait pas appris par elle-même.

Mon job en tant que thérapeute narrative est de lui construire un chemin d’apprentissage. La thérapie narrative se base sur la psychologie de l’apprentissage, notamment celle de la Zone Proximale de Développement de Vygotski mais aussi sur le jeu et l’expérimentation. Et pour celui-ci, j’avais l’intention de la guider vers l’amour de soi.

Comment déconstruire les normes ?

Un jour, Charlotte arrive en séance en me disant basiquement : « Je suis une grosse nulle, je n’arrive à rien » puis continue en me listant toutes les raisons et les domaines de sa vie dans lesquels elle était une “grosse loseuse”. En effet, cela donnait l’impression qu’elle échouait en tout et ne réussissait en rien. Elle fournissait énormément d’efforts pour peu de résultats et peu de reconnaissance, notamment de ses proches à qui elle donnait beaucoup d’elle-même. Plus elle fournissait d’efforts, moins elle avait de résultats. De quoi en devenir dingue. C’était franchement injuste. Et en effet, dit comme ça, elle était en plein échec.

Mais en échec par rapport à quoi ? Qui a édicté les règles de ce jeu impossible ? Ce jeu dans lequel Charlotte devait être une femme forte et indépendante mais qui avait en même temps besoin d’aide ; dans lequel elle doit penser à elle avant les autres et surtout les hommes mais où, en même temps, elle voulait prendre soin de ses proches ; celui dans lequel il fallait qu’elle soit une actrice des changements de la société, c’est-à-dire d’exprimer et militer pour défendre ses valeurs et ce, partout, tout le temps, sans faillir, car l’avenir de la société était en jeu, mais dans lequel elle s’épuisait. Charlotte essayait vainement de répondre à deux règles du jeu complètement différentes, voire contradictoires. Elle répondait de façon logique à un jeu illogique. De ce fait, elle échouait à un jeu où il est impossible de gagner. Mais alors, pourquoi Charlotte s’inflige-t-elle tout ça ?! Elle est maboule ou quoi ?!

Charlotte est ce qu’on appelle en systémie (hein c’est quoi ce truc ? voici un résumé de l’approche systémique, dont la thérapie narrative fait partie) coincée dans une double contrainte. C’est-à-dire qu’elle essaie de répondre à deux injonctions contradictoires et comme elle n’y arrive pas, cela la “rend dingue”. Mais alors, quelles sont ses injonctions ? C’est exactement ce que j’ai cherché à savoir.

Nous avons donc mené ensemble une enquête pour comprendre d’où elles venaient, qui les lui imposaient, quelles étaient leurs intentions et quelles étaient ses DO et DON’T. Ce qui l’a aidée à prendre de la distance avec les injonctions qu’elle suivait pour les observer, mais surtout de s’apercevoir que ces règles étaient impossibles à suivre et qu’il était bien normal qu’elle “échoue”.

C’était une séance drôle et à la fois perturbante pour Charlotte car il est difficile de prendre de la distance avec des règles qui font partie de sa vie et dans lesquelles elle a choisi de vivre. Il y a un côté assez subversif au fond de se rendre compte que “ha merde, mais ces valeurs que j’ai choisies de suivre, elles peuvent aussi être une norme qui m’enferme”.

Je lui ai demandé de nommer ses deux normes auxquelles elle souhaitait répondre à sa manière. Elle les a nommées L’Ancien système et Le Nouveau système. C’est important qu’elle nomme elle-même ses normes car elles englobent plusieurs normes sociétales. Si je les avais simplement nommées Patriarcat et Féminisme, je l’aurais enfermée dans une grille de lecture un peu pauvre car les règles de son jeu englobent également des injonctions qui viennent d’autres normes comme celles de sa famille ou de ses amies ou encore d’autres choses.

Mon intention était également de l’inviter à ne pas se juger ou mettre des étiquettes, mais juste de pouvoir observer et évaluer ces normes telles qu’elles sont. C’est l’avantage de l’espace thérapeutique, on peut expérimenter des idées sans être jugée ou corrigée par la thérapeute. Elle a par exemple pu exprimer certaines critiques envers certaines normes qui ne lui convenaient pas personnellement pour la première fois. « J’ai fui le patriarcat pour courir vers un nouveau système mais je me rends compte qu’il me dit d’être libre et sans contraintes tout en m’obligeant à suivre ses règles à lui. C’est absurde ! Je suis en perte de repères. Oh mon dieu, mais est-ce que ça fait de moi une mauvaise féministe ou une femme soumise ?!» Ou, juste quelqu’un qui choisit librement ses règles.

La thérapie narrative s’appuie beaucoup sur le travail sur la norme de Michel Foucault. En très très gros, le philosophe a travaillé sur la norme et comment on se l’impose sans le savoir. Je n’ai pas trouvé de contenu assez vulgarisant à ce sujet, si tu en as un, je suis preneuse !

Mais alors, pourquoi Charlotte s’impose-t-elle des normes qui ne lui conviennent pas ? Tout simplement parce qu’elles contiennent quelque chose de très important pour elle, une valeur si précieuse pour elle qu’elle est prête à s’imposer des règles qui la font souffrir. Mais aussi parce qu’elle ne se rend pas compte que ces règles ne sont peut-être pas si “normal”, que l’une n’exclue pas automatiquement l’autre et surtout qu’elle est libre de faire le tri pour créer SA façon d’être à elle, celle qui lui correspond, celle qui allie ce qui est réellement important pour elle. Mais comment faire ?

En tant que thérapeute narrative, mon job est de l’aider à reprendre sa liberté face aux normes et de faire le tri entre toutes les injonctions. Oui, les normes ça peut être horrible et hyper oppressant mais peut-on vivre sans ? Foucault est là pour nous rappeler qu’elles ont été créées afin que l’on puisse vivre ensemble, en société mais que par contre, elles deviennent des moyens d’oppression quand elles sont imposées afin d’asseoir un pouvoir. Alors putain, qu’est-ce qu’on fait de tout ça ?

Allez, je fais une métaphore. Perso, mon rêve serait de vivre en t-shirt et culotte toute l’année car c’est de loin la tenue que je préfère. J’adorerais vivre dans une société où je puisse me balader ainsi dans la rue, sans être jugée ou violentée et j’essaie de faire ce que je peux pour que ce jour advienne mais en attendant, je vis à Paris en 2024 donc clairement je ne vais pas le faire. Par contre, je peux vider mon placard pour faire un tri dans mes vêtements en suivant ce qui est important pour moi : me sentir libre. Je jette ce soutif qui me fait des seins de magazine mais qui me bloque la respiration car c’est plus important pour moi de respirer librement que d’être bonasse. Par contre, je peux garder cette robe dans laquelle je me sens sexy même si ce n’est pas la plus confo pour les occasions où j’ai envie de l’être. Et ce pantalon large à élastique qui me permet d’être à l’aise avec mon corps dans la rue tout en me protégeant du regard des autres. Et de garder tous ces t-shirts hyper larges pour me balader comme je veux chez moi où ma liberté est totale. Ça ne fait pas de moi une meuf parfaite, ni un exemple à suivre mais quelqu’un qui joue avec différentes normes, en conscience.

Et c’est ce que l’on a fait avec Charlotte. Je l’ai aidée à faire le tri dans les injonctions pour se tricoter un vêtement qui lui ressemble et dans lequel elle est à l’aise. De ce fait, elle garde le fait de prendre soin des autres car c’est une valeur primordiale pour elle et qui fait partie des règles de l’Ancien système. Par contre, elle enlève son injonction de les placer avant elle dans l’ordre des priorités et y ajoute le self-care prôné dans le Nouveau système. Elle jette l’injonction du Nouveau système de défendre ses valeurs partout, tout le temps, mais garde la liberté de s’exprimer librement du Nouveau système. En somme, Charlotte est sortie de cette dichotomie où elle essayait de suivre toutes les injonctions de ces deux systèmes, ce qui la mettait en échec car il était impossible de suivre toutes ces règles contradictoires. Aujourd’hui elle suit son chemin à elle en gardant ce qui est vraiment important pour elle. Soit, le soin aux autres de l’Ancien système et l’égalité entre les personnes du Nouveau système, qui sont les deux valeurs fondamentales, si importantes pour elle qu’elle était prête à se plier à des règles impossibles à suivre.

Donc non, Charlotte n’était pas un échec mais juste une femme qui se contorsionnait dans un cadre qui ne lui convenait pas, au nom de valeurs importantes pour elle. Aujourd’hui, elle réussit à être libre à SA façon à elle.

Comment apprendre à s'aimer ?

Aujourd’hui, je relis, dans les deux sens du terme, l’histoire de Charlotte. Au sens littéraire, car j’ai mis en récit l’histoire que nous avons explorée ensemble en séance. Concrètement, cela a pris la forme de nouvelles littéraires que je lui envoyais après chaque séance afin qu’elle entende enfin ce qu’elle avait à se dire. Ça, c’est vraiment ma touche personnelle. En effet, contrairement à ce que le terme “thérapie narrative” laisse entendre, une thérapeute narrative n’écrit pas ou peu ce que lui disent ses clientes, mais j’en ai fait un élément fondamental de ma pratique. Tout simplement parce que j’ai observé empiriquement que l’on ne s’entend pas parler, ni réfléchir. Souvent, lorsqu’en séance je mets en récit et répète les mots exacts de mes clientes, elles me répondent : « Intéressant, ça vient d’où ? De moi ? J’ai vraiment dit ça ? » Oui, elles ont vraiment dit ça, elles l’ont même répété plusieurs fois. Cela me semblait évident, et pourtant, non, elles ne s’entendent pas. C’est normal, on ne voit pas ses pensées dans un miroir. C’est aussi parce que j’en ai souvent eu besoin lorsque moi-même j’ai été accompagnée que je veux l’offrir à mes clientes. Je trouve si important d’entendre ce que l’on a à se dire, de se voir dans un miroir bienveillant.

Je relis aussi manuellement l’histoire de Charlotte, car en fin d’accompagnement, elle a choisi de commander le livre de son histoire. Pour cela, j’imprime toutes les nouvelles littéraires que je lui ai envoyées après chaque séance, puis je les relis manuellement pour en faire un livre artisanal et enfin j’illustre la couverture à l’aquarelle, à son image. Cela lui permet de poser son histoire et d’avancer vers la nouvelle version de sa vie. Cela lui permet également de poser cette histoire pour ne plus avoir à la ressasser dans sa tête. C’est aussi utile pour voir concrètement son évolution et pour pouvoir y revenir afin de se souvenir de ce qu’elle a appris au cours de cette aventure. Bref, ne me laisse pas digresser là-dessus, je peux en parler pendant des heures.

Je relis donc l’histoire de Charlotte et ce qui me frappe le plus, c’est qu’au fil des séances, l’écriture laisse place à la peinture. Au cours des premières séances, les histoires sont très littéraires et longues. Puis viennent petit à petit des croquis pour illustrer ce qu’elle ressent, pour synthétiser son pont à elle entre les normes, des illustrations que je lui ai créées et qu’elle a affichées sur son bureau pour s’ancrer. Au fil des séances, la mise en récit était de moins en moins en mots et de plus en plus en images. Des peintures de plus en plus colorées laissaient exprimer cet indicible qui s’opérait en elle. Comment mettre en mots des ressentis physiques ? Au fil de l’accompagnement, Charlotte avait moins de nœuds au cerveau et plus de ressentis physiques. Au début, elle m’avait évoqué plusieurs fois qu’elle “s’aimait bien mais qu’elle ne ressentait pas cet amour”. C’était un amour purement cérébral, platonique presque. Pour cela, je l’ai accompagnée en douceur en lui créant des exercices de pleine conscience qui lui parlaient vraiment, car je les avais créés sur-mesure. De ce fait, pas de méditations pendant des heures sur un tapis de yoga, mais des déambulations pour se perdre dans sa propre ville et se trouver en chemin. Ça ne te parle pas ? Normal, c’était fait exprès pour Charlotte.

Au bout du chemin, Charlotte a trouvé le grand amour, le vrai, l’unique, le plus beau, le plus transformateur : celui d’elle-même. Lors de notre dernière séance, elle m’a dit en éclatant de rire : « En fait, je ne sais plus quoi te dire, je n’ai plus rien à dire, je ressens un tel amour en moi. En fait, je suis tombée amoureuse de moi, comme les enfants qui écrivent leurs initiales dans des cœurs. J’ai envie de dire C+C = amour pour toujours sans divorce. » Et pour célébrer cela, je lui ai peint cette illustration en début de mail. Oui, les symboles et le style enfantin ne vont pas forcément te parler et c’est normal car elle est faite à la mesure de Charlotte. « C’est fou, c’est exactement ce que j’avais en tête et que je ne savais pas moi-même. » Cela l’a aidée à célébrer la fin de son accompagnement, à marquer officiellement la fin de cette histoire et le début d’une autre.

Charlotte est tombée folle amoureuse d’elle-même et vit aujourd’hui le grand amour avec cette personne extraordinaire qu’elle a trouvée en chemin. Elle s’est aussi autorisée à prendre soin d’elle sans oublier ceux qu’elle aime. Elle pensait s’aimer, mais aujourd’hui elle ressent son amour.

Comment aimer l’autre si on ne s’aime pas soi-même ? Tu as peut-être déjà entendu cette phrase, tu as sûrement dû acquiescer en te disant : “oui bien sûr”, mais est-ce que tu ressens cet amour dans tes tripes ? As-tu des papillons dans le ventre quand tu penses à toi ? Est-ce que tu t’aimes vraiment, même dans les moments où tu crains du boudin, dans les moments hors réussite d’un truc dur ? C’est une chose de se le dire, mais le ressentir en est une autre.

Et sinon, pour l’anecdote : quelques semaines après la fin de notre accompagnement, Charlotte m’a envoyé un message pour me dire : « Tu te souviens de Laurent ? » Oui, je me souvenais vaguement de lui comme étant son ex, celui avec qui c’était sympa mais trop compliqué, ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde et il n’était clairement pas son avenir. « On se revoit et nous sommes dans une belle relation, ludique et pleine de joie. Je ne sais pas où cela va nous mener, mais je profite à fond de cet amour. »

Et toi ? Tu t’aimes comment ? Un peu, beaucoup, passionnément ?

Toi aussi tu as envie d’apprendre à t’aimer à la folie ? Je suis là pour t’accompagner dans cette belle aventure ! Pour commencer, et si on s’appelait pour faire le point ? C’est gratuit et sans engagement. Il suffit de prendre rendez-vous ici.

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